sábado, 11 de octubre de 2014

¿SON NECESARIAS UNAS NUEVAS CONVERSACIONES SALAMANCA?



Las Primeras Conversaciones sobre Cine Español, también conocidas como Conversaciones de Salamanca, fueron unas jornadas organizadas por el director de Cine Basilio Martín Patino en dicha ciudad desde el 14 al 19 de mayo de 1955, a las cuales acudieron críticos, directores, representantes del sector intelectual, organismos de Estado… con el objetivo de hacer una reflexión acerca de las distintas corrientes cinematográficas que estaban teniendo lugar en España a partir de la Guerra Civil. 

En los años 50 entraron en colisión dos generaciones de cineastas: por un lado, la de aquellos que llevaban varios años en la Industria y por otro, los recién salidos del Instituto de Investigaciones y Experiencias Cinematográficas. La producción de los primeros se basaba sobre todo en películas folklóricas, de inspiración histórica, adaptaciones literarias… pero acusadas de “artificiales” y “acartonadas” y de carecer de crítica social. Los segundos propugnaban un modelo de Cine más actual y realista, que fuera un verdadero testimonio de los problemas que ocurrían en la España de aquellos años.

Este encuentro fue uno de los pocos casos en España en los que la Industria del Cine se reunía para analizar su funcionamiento y estructura, así como su situación creativa. Las conclusiones obtenidas de las Conversaciones generarían a largo plazo una verdadera respuesta de renovación.



Les premières rencontres sur le Cinéma espagnol, connues sous l’appellation de Conversations de Salamanque, furent des journées organisées par le réalisateur Basilio Martín Patio dans cette même ville, du 14 au 19 mai 1955. Plusieurs critiques, réalisateurs, représentants du secteur intellectuel, organismes d'État, etc y assistèrent dans le but de réfléchir sur les différents courants cinématographiques présents en Espagne à partir de la Guerre Civile.

Dans les années 50 deux générations de cinéastes s'affrontent : d'un côté, ceux qui étaient déjà dans l'industrie depuis plusieurs années, et de l'autre, ceux qui finissaient tout juste les études dans l'Institut de Recherches et d'Expériences Cinématographiques. La production du premier groupe était surtout basée sur les films folkloriques, d'inspiration historique, adaptations littéraires... critiqués par leur artificialité et manque de critique sociale. Le deuxième groupe proposait un modèle de cinéma plus actuel et réaliste, qui témoigne des problèmes qui secouaient l'Espagne de ces années-là.

Cette rencontre a été un des seuls cas en Espagne où l'Industrie du Cinéma se réunissait pour analyser son fonctionnement, son structure et sa situation créative. Les conclusions obtenues lors des Conversations ont généré à long terme une vraie volonté de renouvellement.


Conversation entre Mirito Torreiro et Luis Miñarro:

- Ce que je changerait, c'est parler de la nature de la censure. À Salamanque on parlait effectivement de la censure, mais de la censure d'État : celle appliquée sur les fonctionnaires, sur les scénarios, qu'il fallait approuver avant de pouvoir tourner, etc. Aujourd'hui, la censure n'est pas la même. Elle se cache de manière subtile derrières les producteurs, le soutien de la télévision, le travail dans une chaîne privée, une chaîne publique, les budgets, etc. Ce sont des formes de censure.

- Tout à fait. En plus, dans mon cas il y une censure beaucoup plus grave, celle de la distribution et de la projection. Tu peux bien réaliser un film, ce qui comporte déjà des difficultés, mais après il faut se dire : qui va le voir ? Où ? Si tu ne fais pas partie du lobby du cinéma espagnol, les portes sont fermées. À chaque fois que je finis de réaliser un film (j'en ai déjà fait 32), il faut chercher un nouveau distributeur, parce que le précédent a fait son business et est parti. Je me retrouve toujours avec les portes fermées, vis-à-vis des distributeurs et même des exploitants. Concrètement, à Madrid et à Valence on m'a dit que ce film était trop provocateur pour pouvoir le diffuser. Il est très bizarre. J'ai déjà fait 32 films bizarres. C'est pas nouveau. « La m osquitera » était le film le plus normal. Aussi « Medianeras », qui est une comédie. « La mosquitera » est justement le film qui a le moins marché, alors que cela aurait dû être le cas contraire, mais c'était pas mon truc.

- Mais le cinéma a beaucoup changé depuis 1955, ainsi que la société espagnole. Le cinéma n'est plus le centre de la consommation populaire. Godard avait raison : « Le cinéma est mort. » Aujourd'hui il y a des films, certes, mais il n'y a plus de cinéma. Le cinéma est toute une autre chose. Donc, je pense qu'il y a beaucoup de confusions. Pour cela, aujourd'hui on parle de recréer l'esprit du premier congrès démocratique du cinéma espagnol de 1978, qui recueillit une grande partie des conclusions apparaissant après dans la loi Miró. Je pense qu'en ce moment, tous les professionnels du milieu du cinéma, toi-même inclut car tu es producteur, veulent questionner le prochain gouvernement sur la situation.

- Mais tout cela est déphasé. Dans les années 50, 60, il y avait plus la notion de collectif, de camaraderie, de participation. Aujourd'hui cela n'existe plus, car chacun n'en fait qu'à sa tête. Nous sommes très individualistes ; donc, c'est très difficile de concrétiser quoique ce soit. Et même si on arrive à un accord, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Je fais pas trop confiance aux collectifs de défense du cinéma, car j'ai vu qu'il n'y a pas du tout de la camaraderie. Tu peux même faire partie d'une association de producteurs qui ne vont pas forcément soutenir ton projet. J'ai eu un problème avec un film : l'administration publique a refusé de reconnaître mon droit de recevoir une subvention qui avait été validée par le gouvernement précédent. Face à cela, personne ne m'a soutenu. À quoi sert tout cela ? C'est la question que je me pose aujourd'hui, en 2014.

- Je crois qu'en ce moment, l'idée qui prévaut sur le cinéma espagnol est la reconstruction. Il est arrivé au plus bas. Après, il y a toujours ces idées complètement fausses : 2014 a été la meilleur année du cinéma espagnol au niveau des recettes. C'est faux ! La meilleur année au niveau des recettes seulement pour trois films ! En quoi cela concerne le cinéma espagnol ? À chaque fois il y aura plus des films genre Telecinco et Antena 3, des grandes productions comme El niño ou Ocho apellidos vascos. D'ailleurs, ces deux films n'ont pas été présentés dans des festivals, et c'était un choix volontaire. Santiago Segura n'a pas voulu aller dans les festivals, ainsi que le dernier film d'Almodóvar, Los amantes pasajeros. Donc, 2014 n'est pas une bonne année pour les recettes du cinéma espagnol ; c'est une bonne année pour les trois sociétés de production, qui comptent avec du capital de la télévision.

- Sais-tu pour qui 2014 est une bonne année ? Pour l'État, car avec la TVA à 21% il récupère plus d'argent de ce qu'il en met dans la production cinématographique.

- C'est vraiment n'importe quoi. Ce qui se passe avec le cinéma espagnol est différent ; c'est une question idéologique, comme tant d'autres aspects de l'administration actuelle. Il y a plein d'à priori idéologiques qui consistent en la punition. Mais même cela coûte de l'argent. Je ne suis pas si sûr, et je n'ai pas vu les chiffres. Mais ce qu'on disait avant la sortie de ces trois films c'est que les recettes du cinéma espagnol avaient déjà baissé à cause de la perte de spectateurs. Et l'industrie ne payait pas non plus le 21%. Je ne sais pas si la TVA à 21% est vraiment un échec, d'un autre point de vue.

- C'est discutable. Dans le dernier rapport, les recettes de la TVA s'élèvent à 80 millions d'euros. Aujourd'hui, le Fond pour la Cinématographie compte avec 33 millions, donc la différence est notable. La tendance européenne, mis à part le cas espagnol, est de faire prévaloir la culture dans le cinéma, surtout en France. En Amérique aussi ils ont bien compris comment faire marcher l'industrie du cinéma.

- Je fais toujours référence à une anecdote historique : en 1944, quand l'Italie a été conquise par les alliés, on organisa une réunion à Rome pour décider du futur de l'industrie cinématographique. L'amiral Stone, qui était le chef de la délégation américaine, avait une position qui ressemble à celle d'aujourd'hui. En face de lui, Alexander Mackendrick, colonel de l'armée britannique, s'y était complètement opposé. Quelle était cette idée ? Il disait : « les Italiens font du bon fromage, ils produisent des bonnes pâtes et plein d'autres choses. Le cinéma a été inventé par les fascistes, donc il a été l'otage du cinéma fasciste d'État. Par conséquent, il faut en finir, on va le réinventer. » Dans les années 80, on a reparlé des tarifs du cinéma, et à ce moment-là les Américains ont dit la même chose : « les Français font du bon camembert ; nous ne savons pas le faire, mais par contre il faut laisser l'industrie du cinéma à nous. » Comme si produire du fromage, du blé et du cinéma c'était la même chose. Que l'Europe accepte ce point de vue, qui est celui de l'Amérique depuis 70 ans, me paraît déplorable. Nier l'exceptionnalité culturelle au cinéma européen représente une fermeture très importante à une grande partie de la culture. C'est bien qu'il y ait Luc Besson et des films comme « Lucy », mais cela ne représente pas la culture européenne.

- L'Europe suit une tendance libéral, c'est-à-dire copier ce que les Nord-Américains font. La situation d'aujourd'hui en Europe est une situation très typique. On trouve une hégémonie allemande.

- Le cinéma ne les intéresse pas trop...

- Ils ont toujours une industrie qui marche bien. Le vide que l'Espagne a laissé en étant obligé d'arrêter les coproductions avec l'Amérique Latine l'occupent aujourd'hui les Français et les Allemands.

- Aussi, de plus en plus, les pays d'Amérique Latine, car il y a de plus en plus de conventions bilatérales. Par exemple, Brésil-Argentine ou Uruguay-Argentine. Beaucoup de sociétés de production ne travaillent plus avec l'Espagne. On devrait en tirer une leçon en Europe.

- En Amérique ils ont su bien gérer la situation et profiter de leurs avantages. En Espagne on n'a pas les mêmes. On n'a pas les mêmes aides, car notre industrie est à priori déjà consolidée. Au moins que ton film soit une production américaine. Donc, la situation empire de plus en plus. Le talent est toujours là, donc je pense qu'on va quand même s'en sortir.

- Ce que je trouve pénible c'est qu'on dise qu'en période de crise, des nouveaux talents apparaissent. C'est faux. Les talents sont toujours là, et si les conditions étaient favorables, tout irait mieux. Donc il faut arrêter avec toutes ces bêtises. Il faut vouloir avoir des bonnes conditions pour pouvoir avancer.

- Le micro mécénat est une bonne option, mais ce n'est pas la solution du problème.

- Bien sûr, mais il y a beaucoup de gens qui ne sont pas prêts à se bouger. C'est une erreur.  






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